Victor Dubuisson prend sa retraite
Il l’a annoncé hier dans une interview au journal l’Equipe : Victor Dubuisson prend sa retraite à 33 ans ! Vainqueur de la Ryder Cup en 2014, 2 fois vainqueur du Turkish Airlines en 2013 (devant Tiger Woods) et en 2015, celui qui est considéré comme un prodige du golf français tire sa révérence, après 12 ans sur le circuit mondial.
Il sortait de plusieurs années compliquées sur le DP World Tour, le circuit européen, sur lequel il avait perdu ses droits de jeu pour 2024, faute de résultats probants.
« Ça fait quelques années que je réfléchis au fait que j’ai décroché depuis quelque temps de ma vie de golfeur pro. J’avais de plus en plus de mal à supporter la vie sur le Tour. C’est formidable, mais la solitude était devenue extrêmement pesante. J’ai l’impression d’avoir atteint mes limites et je sais que je peux trouver du plaisir ailleurs, j’en suis convaincu. Je tourne la page mais la vie continue », a-t-il confié à nos confrères de L’Équipe.
Un stratège
Victor a été n°1 mondial amateur en 2009, il a atteint le 15ème rang mondial en professionnel, meilleure place au ranking mondial pour un joueur français. Il s’était fait connaître du golf mondial en 2014 lors du championnat du monde de match-play lorsqu’il avait perdu en play-off en finale contre Jason Day en sortant 2 fois de manière incroyable sa balle coincée dans des cactus, ce qui lui avait valu aux States le surnom de Cactus Kid.
🪄 Retour sur la magie de « Cactus Boy » 🌵🏌 Dubuisson…😮
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— CANAL+ Golf (@Canalplusgolf) December 5, 2023
Victor avait aussi signé 2 top 10 en Majeurs, ce qui avait contribué à sa sélection pour la Ryder Cup à Gleneagles. Il avait terminé invaincu (2 victoires en double et un match partagé en simple) et avait permis à l’Europe de remporter la Ryder Cup pour la 3ème fois consécutive.
Malgré tout cela, Victor ne semblait pas complètement heureux sur le circuit. Il avait perdu ses droits de jeu en 2015 sur le PGA Tour et cela reste pour lui un immense regret.
« C’était un maître de stratégie. L’un des joueurs les plus intelligents que la France ait eu sur le parcours. Mais cela reste une étoile filante, comme un joueur de foot qui aurait planté 35 buts sur une saison et puis plus rien. C’est un gâchis sur le plan sportif, même s’il est probablement plus heureux comme ça », nous confie Julien Xanthopoulos, ancien golfeur professionnel et consultant pour Canal +.
Lui même le reconnaît :
Beaucoup de personnes diront que j’aurais pu faire plus et que j’aurais pu être numéro 1 mondial. (…) Ces frustrations, je les comprends. Je suis même d’accord avec ça. Oui, j’aurais pu faire plus »,
Il a ensuite accumulé les blessures, notamment à un tympan qui l’a éloigné toute l’année 2018 du circuit. Depuis il n’avait jamais réussi à retrouver ce qui avait fait sa magie sur les parcours.
L’appel du LIV Golf
Il venait de perdre ses droits de jeu sur le DP World Tour et ne se voyait clairement pas tenter de les récupérer en passant une année sur le Challenge Tour. Il avait reçu il a quelques semaines une invitation pour participer aux qualifications du LIV Golf, invitation qu’il avait d’abord accepté, puis refusé lundi dans la journée avant donc d’annoncer sa retraite hier.
« C’était une belle opportunité, mais j’ai beaucoup réfléchi et ce n’est pas ce que je souhaite au fond de moi. Je sais que ça peut choquer mais je ne suis pas une personne d’argent. Je n’organise pas ma vie en fonction de ça », raconte-t-il. Même si la retraite approchait et que sa passion pour la pêche était bien plus connue que celle pour le golf, personne ne l’imaginait vraiment se retirer à seulement 33 ans.
Sauf peut-être les plus spécialistes. « Je l’ai toujours vu comme une rock star, arrêter du jour au lendemain. Mais, attention, pourquoi pas aussi reprendre dans pas longtemps », tempère Julien Xanthopoulos.
Quelle sera la suite ?
Il dit s’être découvert une passion pour le coaching, non pas à haut niveau, mais plutôt vers les générations à venir.
« Ce n’est pas du tout mes ambitions, non. Ça ne m’attire plus. J’ai passé quinze ans seul sur le tour à être recroquevillé sur moi-même. Le contact avec les gens me manquait, passer des bons moments, etc. Donc, c’est plutôt juste des rapports humains simples autour du golf que je souhaite avoir », confie l’intéressé.
A 33 ans il a encore de belles années devant lui pour dispenser son talent et son savoir aux plus jeunes, car du génie il en a plein les mains.
Le sentiment au moment de sa retraite reste mitigé. Entre un tantinet de déception à propos d’un golfeur compliqué à gérer – « une tête de lard » dit-il lui-même – qui a fini par se gâcher, et un peu de nostalgie tant son talent a fait parler outre-Atlantique.
Pour Julien Xanthopoulos, le choix est fait.
« Ce que je garde, c’est un joueur qui m’a rendu fier d’avoir un Français aussi brillant sur le parcours ! »