Transition écologique

transition écologiqueLes licenciés de la Ffgolf ont reçu un long mail de leur président, Pascal Grizot, qui revient sur les polémiques nées cet été de la sécheresse et de certaines affirmations de politiques de tous bords.

Chères licenciées, chers licenciés,

Au cœur de l’été, alors que la France faisait face à une intense période de sécheresse, je vous ai adressé un message concernant l’arrosage de nos golfs.

Ce message se voulait une réponse aux attaques injustes et parfois violentes émises à l’encontre de notre sport par certains politiques.

Afin que vous puissiez vous forger votre propre opinion, vos propres convictions sur ce sujet évidemment sensible, je vous ai donc donné les vrais chiffres de la consommation d’eau de nos clubs. J’ai aussi porté à votre connaissance les règles strictes qui encadrent l’arrosage des parcours en cas de crise majeure.

Alors que certains de nos territoires souffraient terriblement du manque d’eau, obligeant à des solutions extrêmes, les gestionnaires de golf se sont montrés à la hauteur. Ils ont agi en acteurs responsables et solidaires. C’est un fait indéniable.

Lorsqu’il le fallait, partout en France, ils se sont attachés à préserver seulement les greens, soit 1 à 2% de la surface totale de leur golf. Les 98% restant ont pâti significativement du manque d’eau.

Parce qu’il le fallait, certains d’entre eux ont même stoppé intégralement l’arrosage. 71 de nos golfs ont été concernés. Si une partie de ces derniers ont sollicité des dérogations auprès des préfets, faisant valoir l’accord-cadre signé avec les Ministères de la transition écologique et de l’Agriculture permettant la sauvegarde des greens, ceux se situant dans des zones d’extrême tension se sont abstenus naturellement.

Les médias français se sont emparés de cette polémique naissante et nous ont tous sollicités. Bien entendu, nous leur avons répondu individuellement et en toute transparence avec des données scientifiques et techniques à l’appui. La ffgolf n’a jamais refusé la discussion et ne s’est pas repliée sur elle-même. Elle ne l’a pas fait parce qu’elle n’avait aucune raison de le faire.

Si le golf a encore des progrès à réaliser et doit accélérer sa transition écologique, il n’a pas à avoir honte ni à se cacher. En deux décennies, les golfs ont déjà réduit de 40% leur consommation d’eau, avec souvent à la clef des investissements très significatifs. Et la filière est en mouvement. Sur notre site internet et nos réseaux sociaux, très régulièrement nous mettons en lumière les engagements de nos golfs sur ce volet et sur bien d’autres encore. Je pense notamment à la préservation et la restauration de la biodiversité pour lesquelles les golfs jouent un rôle reconnu, notamment des experts du Muséum National d’Histoire naturelle et de l’Office National de la Biodiversité avec qui nous collaborons activement.

Le golf ne s’est pas caché

Le golf ne s’est pas caché aussi parce qu’il fait du bien à la planète, comme à de nombreux français. Nos détracteurs feraient bien de s’y intéresser.

Savent-ils que les terrains de golf sont des remparts à l’urbanisation excessive, comme c’est notamment le cas dans différentes zones particulièrement denses démographiquement ?

Non.

Savent-ils que les terrains de golf permettent de lutter contre l’artificialisation des sols ?

Non.

Savent-ils que les terrains de golf sont des barrières coupe-feu, comme ils l’ont prouvé à de nombreuses reprises en différents lieux au cours de la période récente ?

Non.

Savent-ils que les gazons des golfs sont des puits de captation carbone, tout comme les forêts et végétaux qui les bordent dans la majorité des situations ?

Non.

Savent-ils encore que les espaces golfiques sont des îlots de fraicheur en cas de canicule ?

Non.

Ils ne savent rien de tout cela.

Comme ils ignorent ou font semblant d’ignorer que le golf n’est pas un sport réservé à des privilégiés. Il est même devenu, en France, en 2021, le 4e sport en nombre de licenciés derrière le football, le tennis et l’équitation.

Et c’est bien la conjugaison de cette double ignorance qui les amène à prononcer des mots irresponsables et fortement néfastes à notre sport.

C’est en ignorant cette réalité que nos contempteurs se sont précipités sur des chiffres erronés pour lancer leurs attaques. La consommation d’eau annoncée de nos terrains était 36,5 fois supérieure à la moyenne nationale réelle, se référant délibérément à un rapport parlementaire obsolète, contredit depuis, par deux rapports plus récents, aussi sérieux que professionnels.

L’ignorance fait mal. Elle fait mal à nos gestionnaires qui emploient chaque jour un total de 15 000 salariés et tentent de faire prospérer leur activité comme toute entreprise française et d’en assurer la survie lorsqu’ils doivent composer avec des éléments contraires. Elle fait mal à une filière qui n’a pas attendu l’été 2022 pour accélérer sa transition écologique.

C’est pourquoi j’invite les politiques et tous ceux qui nous ont ciblés, à la retenue et à la modération. A l’analyse, plutôt qu’à l’invective. Ils font face eux aussi à des problématiques qui appellent des réponses. Christophe Bechu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de France, rappelait récemment qu’un milliard de m3 d’eau potable est perdu chaque année en raison de fuites sur les réseaux vieillissants de nos communes.

Malgré tout, ce n’est pas parce que nous croyons ces attaques injustes que le golf n’a rien de plus à entreprendre en matière de gestion de l’eau. Le changement climatique, la raréfaction des ressources et la perspective du durcissement légitime de la réglementation nous obligent à faire davantage. Nos gestionnaires en sont pleinement conscients. Et soyez assurés qu’ils sauront, sous l’impulsion et avec le soutien de la Fédération, relever ce défi immense.

Des solutions, encore et toujours

Des solutions existent. Certaines sont à notre portée. Je pense notamment à :

-la constitution de réserves d’eaux pluviales : bassins de rétention, bassins versants…
la rénovation des systèmes d’irrigation : éradication des fuites, système d’arrosage sélectif et économe et adoption de nouvelles technologies.

-l’utilisation des graminées moins consommatrices d’eau et résistantes au stress hydrique ainsi qu’aux maladies.

-l’utilisation de tous les moyens efficaces pour limiter l’évaporation sur les plans d’eau.

Ce ne sont pas les seules solutions. Il en existe d’autres mais elles ne dépendent pas que de nous. Une évolution de la législation s’avère nécessaire dans bien des cas. Je pense principalement à l’utilisation des eaux usées traitées pour arroser.

Ce qui se passe chez une partie de nos voisins doit nous inspirer. Le cas de l’Espagne m’interpelle. Il y pleut beaucoup moins qu’en France. Pourtant, l’impact de la sécheresse est moindre grâce au recyclage notamment. Chez nos voisins, 14% des eaux usées sont retraitées contre moins de 1% en France. Leur agriculture et leurs golfs ne manquent ainsi pas d’eau.

Il n’y a pas de hasard. Si j’ai fait de la transition écologique un des trois piliers du projet que je porte, avec les membres du comité directeur, pour le golf français, c’est parce que cette question est déterminante pour l’avenir du golf. Jérôme Paris, ancien vice-président de la ffgolf, l’avait clairement énoncé aux débuts des années 2000 lorsqu’il avait engagé la Fédération française de golf dans cette dynamique.

L’urgence, nous la connaissons. Les enjeux, nous les connaissons. Nous agissons déjà et allons poursuivre nos efforts.

Soyez pleinement assurés de notre total engagement. Avec les équipes de la Fédération, nous travaillons sans relâche pour faire valoir nos arguments en faveur d’un développement de notre sport compatible avec les enjeux écologiques. Notre détermination est sans faille.

Je compte sur vous tous également pour être derrière vos clubs et les soutenir dans cette transition écologique, dont nous devons tous être les acteurs. Dans cet objectif, il nous faudra faire évoluer notre regard et nos pratiques, pour préserver notre bien commun, la planète.

Pascal Grizot
Président de la ffgolf




Sécheresse, Pascal Grizot fait une mise au point

sécheresse pascal grizot fait une mise au pointAlors que la sécheresse sévit en France, Pascal Grizot, Président de la Ffgolf, réagit aux attaques injustes proférées ces derniers jours et fait le point en toute transparence.

Chers licenciés,

Alors que la sécheresse sévit en France, s’accompagnant de restrictions d’usage de l’eau bien légitimes, notre sport, qui agit pourtant en pleine responsabilité et solidarité dans ce contexte difficile, subit actuellement de la part de certains hommes politiques des attaques injustes dans les médias concernant l’arrosage des golfs.

Même si vous êtes les premiers témoins des efforts très importants de nos golfs dans ce domaine, il m’a semblé important de partager avec vous, en toute transparence, les chiffres et informations que je m’évertue, avec les équipes de la Fédération, nos organes déconcentrés (Ligues et Comité Départementaux), nos clubs et les organismes représentatifs de la filière, à diffuser largement ces derniers jours auprès des Français afin que la vérité soit rétablie et l’image de votre discipline préservée.

Consommation moyenne en eau de nos golfs sur une année

La consommation nationale moyenne annuelle d’eau d’un golf est de 25 000 m3 par an et par tranche de 9 trous. Elle est ainsi très éloignée du chiffre communiqué ces derniers jours par certains hommes politiques évoquant une consommation de 5000 m3 par jour soit 1 825 000 m3 par an. Il nous est bien difficile de rester sans réactions face à des chiffres 36,5 fois supérieurs à la réalité. Seule l’ignorance peut conduire à de tels écarts.

Consommation d’eau de nos golfs en cas de sécheresse et surfaces arrosées

En cas de sécheresse dure et prolongée, seuls les greens (essentiels à la survie du parcours) sont arrosés. Ils ne représentant qu’1 à 2% de la surface totale du golf. Comme moi, vous comprenez dès lors que 98 à 99% de la surface totale du golf ne sont en revanche plus arrosés, ce qui éclaire suffisamment le sens de responsabilité de tous les acteurs de la filière golf. Le besoin minimal pour la survie des greens d’un golf de 18 trous par forte chaleur, est de 100 à 120 m3 par jour (la surface des greens d’un golf 18 trous représente 1 à 1,5 hectare). Par conséquent, pour un golf 9 trous, le besoin minimal pour la survie des greens est de 50 à 60 m3 / jour. L’arrosage prend en compte l’évapotranspiration due à la température, à l’ensoleillement et au vent qui détermine le calibrage du bon volume vital nécessaire.

Mesures de restrictions selon les différents paliers d’alerte en période de sécheresse

Le golf, comme tous les usagers de l’eau, dépend de 4 niveaux de restrictions fixés par les DDT (vigilance, alerte, alerte renforcée, crise). En seuil de crise, il est interdit d’arroser les golfs. Les greens peuvent être préservés, sauf en cas de pénurie d’eau potable, par un arrosage « réduit au strict nécessaire » entre 20h00 et 8h00, et qui ne pourra représenter plus de 30 % des volumes habituels. Un registre de prélèvement devra être rempli hebdomadairement pour l’irrigation. Un Accord-Cadre national pour la période 2019-2024 FFGOLF, GEGF, GFGA / Ministères de la transition écologique, des Sports et de l’Agriculture préconise la mise en œuvre de mesures de restrictions d’arrosage adaptées aux besoins vitaux des structures golfiques et aux particularités de leurs surfaces engazonnées. Comme indiqué expressément dans l’accord, le respect de ces mesures n’est pas obligatoire, les préfets pouvant prévoir des mesures plus contraignantes s’ils estiment qu’une pénurie d’eau potable est à craindre, ou que les conditions locales l’imposent. Les maires peuvent également prévoir des mesures plus contraignantes.

Ci-dessous, le tableau complet des limitations des usages de l’eau pour les golfs :

Interdiction totale d’arrosage

En application des arrêtés sécheresse en vigueur dans certains départements, et malgré notre accord cadre, nous constatons que l’arrosage des terrains de golfs est désormais interdit au sein de ces territoires pour une durée pouvant aller jusqu’au 31 octobre 2022. L’interdiction totale d’arrosage est l’équivalent d’une fermeture administrative pour les golfs concernés qui entraîne inévitablement la perte de l’outil de production des entreprises gestionnaires de golf.

C’est pourquoi chaque golf concerné demande aujourd’hui une dérogation individuelle permettant le sauvetage des surfaces les plus fragiles et les plus coûteuses à travers les mesures prévues au stade 4 de notre accord cadre :

  • Arrosage réduit au strict nécessaire et uniquement des greens
  • Arrosage uniquement entre 20h00 et 8h00
  • Arrosage ne pouvant représenter plus de 30% des volumes habituels
  • Relevés de consommation d’eau quotidienne
  • Aucun arrosage en cas de pénurie d’eau potable

Des démarches que la Fédération française de golf suit avec la plus grande attention tentant avec discernement de mener des dialogues quotidiens avec l’Etat et les collectivités pour la recherche de solutions.

Si nous cherchons à obtenir des dérogations au cas par cas, quand la situation au niveau local, le permet, en aucun cas, nous en sollicitons quand la pression est telle que les populations doivent être ravitaillées en eau par des citernes.

Enjeu du maintien de l’arrosage des greens

Le golf est une activité sportive de loisir marchand impliquant une filière économique qui doit préserver son activité au risque de créer un impact non négligeable sur sa filière (chômage, perte d’exploitation, faillite). Il convient de rappeler que la filière économique que nous défendons représente un poids économique de plus de 1.5 milliard d’euros en France et assure 15 000 emplois dont 7 500 emplois directs sur le terrain. Il s’agit à 83% d’emplois en CDI dont 61% d’emplois d’ouvriers, et non délocalisables. Le parcours étant l’élément numéro 1 de l’outil économique, il est nécessaire de le préserver en passant par un arrosage minimal vital. Seul le green reste l’élément essentiel pour garantir une pratique de l’activité, d’où les accords passés avec les pouvoirs publics pour pouvoir les préserver au maximum.

Un green de golf est du gazon planté sur un sol sableux et drainant. Pas d’arrosage pendant plusieurs jours conduit à la mort toutes les graminées présentes sur les greens car ces plantes ont de faibles enracinements ce qui les rend extrêmement sensibles à la sécheresse et oblige à des arrosages fréquents. La mort des greens en période estivale conduit à une fermeture de la structure et perte d’exploitation pendant 6 mois jusqu’au printemps de l’année suivante car il faut au moins 3 mois de végétation active (température moyenne du sol >10°C) pour obtenir un green de qualité normale à partir d’un nouveau semis. A cette perte d’exploitation de 6 mois, s’ajoutera le coût de la remise en état :

  • Par semis le coût moyen de rénovation est de l’ordre 3€ HT le m², soit 30.000 € pour 1 hectare de green
  • Par placage, le coût moyen est de l’ordre de 30 € HT le m², soit 300.000 € pour un 1 hectare de green…
  • Pendant ces travaux, les golfs devront être fermés avec toutes les conséquences induites en matière d’emploi.

Golfeurs et exploitants unis pour agir en responsabilité

Alors que le golf est désormais 4ème sport en nombre de licenciés en France, loin des clichés que certains veulent tenter encore de lui coller, et qu’il fait partie des disciplines Olympiques de 2024, un faux débat d’écologie de classe initié par certains politiques vise à nous distinguer artificiellement des autres sports de gazons collectifs et populaires qui, sans les nommer, ne sont pas visés par nos opposants. Par ailleurs, ne pas tenir compte des travaux engagés depuis les sécheresses de 2003 et 2005, avec tous les Ministères concernés quelle que soit leur couleur politique, depuis plus de 20 ans nous paraît injuste vis-à-vis des golfs qui ont rempli leurs objectifs de réduction de la consommation en eau de 30% chaque année avec des investissements considérables.

Nous continuerons sans relâche à rétablir la vérité avant de poursuivre en acteurs responsables la transition écologique que nous avons depuis longtemps entamé avec notamment une gestion raisonnée de la ressource en eau.

A ce titre, de manière plus structurelle, nous allons prendre l’attache des Ministères concernés et agences de bassin pour créer un fonds d’investissement permettant de financer la rénovation des systèmes d’irrigation, moins consommateurs, ainsi que la création de bassins de rétention pour les golfs.

Et je veillerai avec l’ensemble des acteurs de la filière à rappeler à tous les golfeurs combien il est fondamental de s’habituer désormais à jouer sur des surfaces moins vertes et plus fermes. Regardez la qualité des tournois organisés par le Royal and Ancient sur les parcours britanniques. L’ensemble des surfaces sont jaunies par la sécheresse, à l’exception des greens. Les Open Britanniques Féminin et Masculin, ont toujours été et sont aujourd’hui plus que jamais les épreuves sportives de référence de notre discipline, malgré la tension sur la ressource en eau.

D’une certaine manière, c’est un retour aux sources autant que le sens de l’histoire. Je sais pouvoir compter sur chacun d’entre vous dans l’intérêt collectif.

Pascal Grizot