pub bilendi

Prof de club : drôle de métier ?

Je relaye aujourd’hui le coup de gueule d’un prof de golf, Thierry Abbas, sur l’avenir de la profession de prof de golf en France.

METEO : BASSES PRESSIONS

Le crépuscule de la Ryder Cup s’estompe peu à peu dans les nuages Anglo-saxons : que reste-t-il de cette merveilleuse fête du golf ?
Les pros français semblent marquer le pas sur les circuits internationaux.
Les équipes de France amateures ne rapportent plus de trophée.
Les performances individuelles des jeunes et de notre élite sont très nettement inférieures aux attentes les moins optimistes.
Les clubs privés, publics et commerciaux sont en grande difficulté pour recruter de nouveaux adeptes.
De moins en moins de jeunes sont attirés par notre discipline unique !!
Les écoles de golf dérivent sur un flot de technocratie fédérale.
Les pros des clubs ressentent un isolement grandissant au sein de leurs structures respectives.
Le rôle des ligues se noie dans un flou alimenté par la récente restructuration régionale et un relationnel local et régional digne des icebergs les plus froids.
Les pôles régionaux et nationaux sont un miroir aux alouettes d’une médiocrité affirmée.
Quelle direction sportive suggère la direction technique nationale, absente de tous les grands rendez vous pédagogiques et même sportifs ?
Cependant quelques initiatives pédagogiques permettent aux cadres sportifs de surseoir à une noyade annoncée. (3 journées consacrées à la biomécanique du swing, quelques rares journées de formation s’adressant aux responsables des clubs).

POURQUOI ?

Certes l’organisation de la Ryder Cup et le spectacle proposé ont été resplendissant malgré l’absence très dommageable d’un pro français dans l’équipe européenne.
J’ai 63 ans dont 42 ans d’expérience comme : joueur de tournois, comme enseignant, comme formateur, comme entraîneur national, comme organisateur d’épreuves et enfin comme président de PGA.
Le soleil se couche sur ma vie professionnelle exaltante et tellement remplie de rencontres et d’expériences enivrantes !
C’est pourquoi, aujourd’hui, je veux témoigner de mon indignation sportive et pédagogique en constatant l’immobilité et le peu de créativité de nos structures fédérales et sportives !!
Nous portons tous, bien sûr, une forme de responsabilité des dérives que subit la pratique du golf dans notre pays !

LES CLUBS et la F.F.G

Cependant, les grands oubliés du système fédéral et ce, depuis la fin des années 90, sont les pros de clubs !!
N’oublions jamais que les premiers pas des jeunes et des moins jeunes se déroulent dans les clubs !!
La découverte du golf n’existe que grâce à l’énergie déployée par les enseignants qui animent, certes parfois maladroitement nos clubs français !!
Les futurs champions(es) ont ressenti leurs premiers émois sportifs dans nos clubs, formés et encouragés par des pros locaux !!
Les écoles de golf des clubs sont les viviers des pros de demain !
Et surtout, il faut noter que le pro d’un club est un GENERALISTE : il doit assurer : l’initiation, la formation individuelle et collective des membres et non-membres, l’animation de l’école des jeunes, l’entraînement des équipes, les conseils pour les compétitions de club et l’entretien du terrain et le coaching individuel des jeunes talents !!
Quant à l’activité spécifique des jeunes, Je m’étonne de la technocratie qui a envahi l’activité des « drapeaux » pâle imitation des « étoiles » au ski.
La « labellisation » des écoles de golf dictée par je ne sais quel expert a compliqué et perturbé un système qui commençait à faire ses preuves !
La direction technique nationale reste tellement éloignée des préoccupations sportives de ces structures en n’apparaissant que lors de la kermesse annuelle du championnat de France des jeunes.
Le livre « Le golf, un jeu d’enfants » édité fin des années 90 avait réussi à fédérer l’action d’un certain nombre d’enseignants en osant prescrire des priorités techniques et pédagogiques pour les jeunes.
Les « opens » forme d’évaluation des jeunes prometteurs avaient permis de fixer des objectifs techniques de progression adaptées aux exigences de la compétition pour nos jeunes !
Les entraîneurs nationaux se déplaçaient dans les ligues, afin de connaître les besoins et d’évaluer les actions de chacune des régions.
Aujourd’hui la DTN enfermée dans sa tour d’ivoire fédérale ne communique aucune priorité technique, aucune orientation sportive pour les jeunes en devenir.
Les formations obligatoires des pros sont organisées par la P.G.A. avec la bénédiction passive de la F.F.G.
Nombre d’aménagements ont été décidés en dépit du bon sens : Règlement des Opens, le droit de jeu fédéral pour les jeunes, les index, l’organisation du championnat de France des jeunes, des formations de moniteurs trop nombreuses et certaines bradées. etc…

UN AVENIR DE CONCERTATION

Je reviens d’Allemagne où j’ai pu constater une véritable organisation pédagogique nationale !!
Les milieu, amateur et professionnel, se côtoient avec une ambition commune, celle de produire un enseignement de qualité à tous les niveaux de performance !!
Ce sont les femmes et les hommes qui font la réussite d’un système et pas le système en lui-même !!
C’est la motivation et l’implication de ces individus au service d’un projet associé à un système cohérent qui permettent d’atteindre des objectifs de qualité !!
Cette motivation est dépendante de l’enthousiasme, bien sûr, de chacun(e) mais surtout de la planification claire d’objectifs sportifs et pédagogiques à la hauteur des capacités des intéressés !
Aujourd’hui, les passerelles permettant de gravir les échelons de la performance sont presque inexistantes pour nos meilleurs jeunes !
Heureusement quelques rares régions, dont l’Alsace et l’hyper compétent N.Subrin ont donné une image positive de ce qui pouvait se faire avec des budgets dérisoires !!
Prenons l’exemple d’un jeune performant à 11 ans, dans son club, progressant à 12-13 ans aidé par sa ligue, puis compétitif à 14 ans : IL VA OU APRES ???
Dans un pôle espoir dont les performances et l’organisation sont affligeantes ?
Dans une structure privée dont les tarifs sont prohibitifs ?
Dans son club et sa ligue dont les moyens sont limités et l’isolement sportif tellement pesant ?
Que devient la relation entraîneur-entraîné de ce jeune qui soudain, en cas de prise en charge fédérale, se voit attribué d’autres intervenants sans y avoir été préparé ?
Une solution serait de permettre aux entraîneurs des ligues d’accompagner les enseignants des clubs jusqu’à un certain seuil, puis de collaborer avec des entraîneurs nationaux à partir d’un nouveau seuil de performance, et ce, en liaison étroite avec le pro initial du jeune concerné (e)
Mais la première étape est d’élaborer un cahier des charges national précis, fixant les moyens techniques et physiques et psychologiques, les objectifs de progression, les priorités sportives pour l’ensemble des jeunes français.
Ce cahier des charges serait débattu en collaboration avec des pros de club performants et proposé à l’ensemble des clubs afin d’harmoniser l’action pédagogique et sportive des enseignants de clubs !!!
Il serait présenté lors d’un congrès national de l’enseignement ET pendant le championnat de France des jeunes.
Il en va de même pour les programmes des écoles des jeunes qui doit mettre en évidence les priorités de la formation des habiletés techniques et sportives nécessaires pour atteindre le haut niveau !!
Osons imaginer un le même type de projet pour une méthode Française d’enseignement que les pros de club pourraient appliquer afin de rendre notre enseignement attrayant et surtout homogène !!

FAIRE DECOUVRIR
FAIRE AIMER
FAIRE PROGRESSER
FAIRE PERFORMER
Que l’on est loin de ces principes enseignés à l’école fédérale de J.E LAFFITE !!!

EPILOGUE

A nous, professeurs des clubs de prendre conscience de l’importance de notre action auprès de TOUTES ET TOUS les joueurs (ses) quel que soit le niveau !!
Mais les instances dirigeantes se doivent de proposer un vrai projet d’enseignement national en attribuant à chacun des rôles précis et efficaces et en acceptant une vraie collaboration !

FORMER MOTIVER ACCOMPAGNER : telles devraient être les missions d’une fédération sportive responsable de son développement !
Bien sûr, la réussite ne peut être, ni immédiate, ni consensuelle à ses débuts, mais elle est susceptible de donner un élan décisif à note sport !

Les résistances seront nombreuses mais le mouvement doit impérativement être lancé pour proposer un vrai projet sportif à l’échelle de nos licenciés !!

NB : cette lettre a été envoyée par l’auteur à au président de la FF Golf, et à la PGA France.

image_pdfimage_print

Dominique

64 ans, retraité, golfeur assidu, ancien fonctionnaire, ex-tennisman, ex-cordeur professionnel de raquettes de tennis, grand-père 4 fois.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *