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Amen Corner, le fossoyeur d’illusions

Voilà, chose promise le 8 avril, chose tenue le lendemain. L’Amen Corner d’Augusta, donc.

Tout se passe après avoir frappé le drive au trou n° 11, dans une tranchée d’une vingtaine de mètres de large, pas plus. Quelque 280 mètres plus loin, en arrivant sur la balle, apparaît, en contrebas, la scène entière. Ce spectacle à couper le souffle du simple promeneur, que doit-il suggérer aux golfeurs qui, en quelques minutes, vont y jouer une grande partie de leur vie? Bienvenue à Amen Corner, sur le parcours d’Augusta. Et, c’est sûr, deux prières valent mieux dans cet endroit où, si souvent, par un dimanche après-midi, s’est dite la messe du Masters. Amen Corner est constitué par le green du trou 11 (par 4 de 410 mètres en descente), gardé sur sa gauche par la première pièce d’eau du parcours; le 12 (par 3) avec son green transversal, équipé d’un chauffage pour combattre les frimas qui sévissent dans ce point le plus bas d’Augusta National, barré par la rivière Rae Creek; et, plus loin, la caverne naturelle d’où sera tapé le drive du 13, coup fondamental qui décidera de l’ampleur du risque qu’il faudra prendre pour toucher en deux le green de ce par 5 de 435 mètres.

Il est dit que des esprits malins, enfouis dans des tombes indiennes à cette extrémité du parcours, exercent de sinistres influences. Mais il est plus sûrement vrai que les génies combinés de Bobby Jones et d’Alister Mackenzie, les dessinateurs du parcours, ont conçu là le lieu idéal pour le rendez-vous du joueur et de son destin. A l’origine, en 1932, les actuels neuf trous du retour étaient ceux de l’aller. C’est Jones qui, trois ans plus tard, eut l’idée de les inverser. L’expression «Amen Corner», inspirée d’un ancien disque de jazz Shouting in the Amen Corner (pour les amateurs, Mezz Mezzrow à la clarinette), est due au journaliste américain Herbert Warren Wind, en 1958 dans Sports Illustrated.

Cette année-là, un incident survenu à Arnold Palmer au trou n° 12 avait, en quelque sorte, ouvert la porte aux étrangetés de tous genres qui allaient se succéder dans l’endroit. Palmer avait vu sa balle s’enfoncer dans le sol près du green. Il avait demandé à la dropper sans pénalité, ce qui lui avait été refusé par un arbitre. Alors, entêté et sûr de son bon droit, il décida de jouer deux balles dans l’attente d’un jugement différé. Avec sa première, il fit cinq. Avec la deuxième, qu’il avait droppée, il fit trois. Au trou suivant, Palmer demanda à Ken Venturi, qui partageait sa partie: «Ils vont me mettre un 5, n’est-ce pas?» La réponse de Venturi claqua comme un drive: «Certainement.» Peut-être fouetté par une rage intérieure, Palmer expédia alors un énorme coup de bois pour atteindre le green du 13 en deux. Un putt à suivre et eagle sur ce par 5. Deux trous plus tard, on venait prévenir Palmer qu’on lui avait accordé un 3 au 12. Tout cela suffit pour que Palmer remporte, avec un coup d’avance, son premier Masters.

Depuis, le livre d’or d’Amen Corner se tache aussi bien de larmes de joie que de sang versé.

Palmer lui-même, l’année suivante, alors qu’il était en tête le dimanche, perdait son titre après avoir envoyé une balle dans l’eau et fait 6 sur ce trou n° 12. «Il est diabolique, estime Palmer. Le genre de trou vers lequel on se rend en tremblant à la pensée de la catastrophe qui pourrait arriver. C’est le plus court du parcours, mais aussi, pour moi, le plus difficile.» Rater le green ici, c’est l’assurance d’un voyage au bout de l’angoisse ou du désespoir. Comme celui de Tom Weiskopf, qui, en 1980, y signa un 13, «sans avoir tapé un vrai mauvais coup», déclara-t-il plus tard.

Jack Nicklaus lui-même y fit un 7, au deuxième tour en 1991, pour avoir oublié une règle cardinale: ne jamais tenter d’attaquer le green par-dessus le bunker. Et Nick Price, l’ancien n° 1 mondial, précipita successivement trois balles dans Rae Creek en 1994. Cette année encore, à l’entraînement, l’Australien Stuart Appleby, 21e l’an dernier, tapa trois balles du départ: une, trop longue, dans les azalées; les deux autres, trop courtes, dans le torrent.

«Le gros problème du 12, souligne Tom Watson, est le vent qui tourbillonne presque toujours dans Amen Corner. Pour attaquer le green, le choix du club va, en général, du fer 9 au fer 5.»

Mais la vaste cuvette d’Amen Corner sait aussi dispenser ses grâces à quelques élus. En 1992, l’année de sa victoire, le dimanche, Fred Couples avait vu sa balle cesser miraculeusement de dévaler vers l’eau au 12. Larry Mize avait battu Greg Norman en play-off au 11, en rentrant une approche de quarante mètres. Et Nick Faldo y a gagné, lui aussi en play-off, deux de ses trois titres, à chaque fois sur le 11. En 1989, Scott Hoch avait manqué un putt de 80 centimètres qui lui aurait donné le titre, et, en 1990, Ray Floyd avait expédié son deuxième coup dans l’eau. Faldo est tellement reconnaissant envers cette partie d’Augusta qu’il a demandé à un peintre de l’immortaliser sur une toile.

L’an dernier, Tiger Woods avait dompté les trois trous d’Amen Corner en les jouant, sur l’ensemble des quatre jours, à 7 sous le par. Se vengeront-ils cette année? En tout cas, les pluies diluviennes qui se sont abattues hier sur Augusta ne sont pas pour désavantager les longs frappeurs. Et Woods est de ceux-là.

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Dominique

64 ans, retraité, golfeur assidu, ancien fonctionnaire, ex-tennisman, ex-cordeur professionnel de raquettes de tennis, grand-père 4 fois.

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